Lorsque Fabienne Keller intègre l’école Polytechnique, elle fait partie des rares femmes. Travailleuse acharnée, elle fait face, à l’École Navale, à ceux qui ne voient pas la féminisation d’un bon œil : « C’était difficile, on était parmi les premières. Beaucoup de quolibets, de remarques … les pantalons n’étaient pas autorisés, il fallait demander au capitaine la permission en arrivant à bord du bateau. » se souvient-elle.
Après plusieurs années au sein des Ministères, téméraire, elle franchit le pas en 1992 et s’engage dans le monde encore très masculin de la politique. « On m’a dit : ce n’est pas possible, tu ne peux pas te présenter, la preuve t’es une fille. A l’époque, il n’y avait que des hommes élus. L’Alsace était très en retard. » Sa réponse : « Même pas peur ». Elle devient la première femme élue conseillère départementale du Bas-Rhin.
Farouchement attachée à son Alsace natale, elle est élue maire de Strasbourg en 2001. D’emblée, elle met à profit sa formation d’ingénieure et s’attaque à un chantier des plus importants : la rénovation de la gare de la ville, qu’elle pense en lieu d’échange et de complémentarité entre accès aux transports et lieu de vie et de services. Un endroit qui doit profiter aux femmes. « La gare est ce qui fait ville, c’est la place du village. Que les femmes y trouvent leur place est essentiel. »
« La ville est le reflet d’une société patriarcale », observe-t-elle. L’espace public est conçu par et pour les hommes. À Strasbourg, Fabienne Keller a décidé d’y remédier. Pleinement. « Il faut apporter dans les quartiers de la ville une esthétique qui est fondamentale dans notre culture et notre humanisme. » La mobilité impacte également l’accès à l’emploi des femmes. Il empêche leur émancipation. Les femmes sont majoritaires dans les transports en commun car « quand il y a une voiture dans la famille, le plus souvent, c’est l’homme qui l’utilise. »
Ces cinq dernières années avec Emmanuel Macron, c’est une vraie révolution en faveur de l’égalité des sexes qui a été mise en œuvre : contre les violences faites aux femmes, pour l’Europe, la jeunesse. Avec vous, avec elles, c’est « avec les Français, les Européens, les citoyens, les plus fragiles. On veut dessiner des perspectives positives pour eux. » Son vœu pour l’avenir ? Poursuivre la construction d’une Europe plus unie et plus forte et renforcer inlassablement l’égalité femmes-hommes.